Bien que les astronautes aient subi des entraînements adaptés à leur temps dans l’espace afin de minimiser les effets de la micropesanteur sur leur corps, une réhabilitation lors de leur retour reste tout de même obligatoire. Une fois de retour sur terre, le plus difficile reste la réadaptation.
Alain Maillet (responsable du pôle physiologie au CADMOS: Centre d'Aide au Développement des Activités en Micropesanteur et des Opérations Spatiales ), avec qui nous avons eu la chance d'échanger, était présent lors du retour de Thomas Pesquet suite à sa mission dans l’ISS. Celui-ci lui dit que ce qui avait été le plus difficile pour lui était de poser son pied sur le sol. En effet, il avait mal à la plante des pieds parce que ceux-ci n’étaient plus habitués à soutenir son poids. Ces douleurs sont également couplées à l’intolérance à la position debout et à un manque d’équilibre puisque les astronautes n’ont pas marché depuis longtemps : ils doivent donc réapprendre, bien que cette action revienne très vite (environ 2/3 jours).
Ainsi, un astronaute ayant effectué comme indiqué par les spécialistes de l’ESA ,2 heures d’exercices par jour, peut connaître des déficiences musculaires (force, endurance, flexibilité, volume…) pendant quelques jours, voir plusieurs semaines après son retour. L'exemple plus bas indique que 21 jours après le retour, toutes les déficiences au niveau musculaire avaient été rétablies, sauf celle de la force musculaire (testée grâce au jump test).
Dans un premier temps, tous les astronautes subissent des évaluations médicales afin de mesurer leur état physique, notamment pour le comparer à leur état avant de partir, afin de leur créer un programme de réhabilitation adapté.
Le programme de reconditionnement, mis en place par les spécialistes en sport et les physiothérapeutes, débute 24 heures après leur retour et dure 21 jours. En règle générale, les astronautes ont des sessions de deux heures par jour, l’une d’elle consacrée à la physiothérapie et l’autre à des exercices physiques. L’eau simulant en partie le ressenti des conditions de micropesenteur, les astronautes se sentent plus à l’aise en effectuant des exercices aquatiques durant la première semaine. Puis le temps d’exercices en dehors de l’eau augmente progressivement. Après la période de reconditionnement, les sessions ayant gagnées en intensité, celles-ci devraient atteindre leur niveau pré-vol.
Les astronautes continuent ensuite le programme de régénération neuromusculaire pendant quelques mois encore. Chaque astronaute se voit attribuer un programme spécifique (ceux-ci pouvant varier en temps et en intensité).
D’après le tableau ci-dessus présentant des mesures faites sur un astronaute revenu de l’ISS, presque toutes les déficiences avaient été rétablis au bout de 21 jours. Jusqu'au 6ème jour après le retour sur Terre, la hauteur et la force pour les trois types de sauts étaient encore assez basses, avec le plus grand déficit constaté pour le « drop jump » (saut tombé) : -34% en forces et -31% en hauteur. La puissance des muscles fut moins affectée : de 8% à 9% au sixième jour après le retour sur Terre, et ayant augmentée jusqu’à un déficit d’environ 1% à 3% au jour 21.
Voici un programme type (de l'ESA) pour un astronaute revenant d'une mission spatiale (à effectuer 2 heures par jour pendant 3 à 5 semaines):
Semaine 1 : « Retour à la gravité »
Travail en piscine : équilibre, aqua jogging, mini-jeux
Cardio : natation, vélo
Souplesse et étirement : pilates, yoga, flexibilité des membres inférieurs, gym ball
Résistance : poids, squats, arraché, développé-couché
Semaine 2 : « Retour a la fonction »
Augmentation de l’intensité des exercices de la première semaine
Réflexes et pliométrie : saut, mouvement excentriques, jeux de balles, levés dynamiques, arts martiaux
Semaine 3-5 : « Retour en service »
Allègement du programme et auto-gestion
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