Toujours dans le but de diminuer l’atrophie musculaire dans l’espace, l’ESA a réalisé une expérience pour observer l’évolution des muscles des spationautes lors de missions longues durée dans l’ISS.
Ils ont réalisé une multitude de mesures sur des spationautes effectuant des programmes d’entraînements différents, pour voir lequel serait le plus efficace pour conserver un maximum de masse maigre. Cette expérience consiste à augmenter/diminuer le ratio d’un certain exercice (tapis de course, abdos etc…) au sein d’un programme d’entraînement, ainsi qu’à augmenter/diminuer le temps total du programme.
Successivement dans l'ordre : un tapis de course, un ergocycle, puis squats et développé-couchés avec ARED (sources des photos : www.ladepeche.fr, www.alamyimages.fr et www.esa.int)
Ayant introduit un appareil d'exercice résistif avancé (ARED) à bord de l’ISS en 2009, la contribution relative des exercices résistifs au temps total d’entraînement pendant le voyage a augmenté (de 33 à 46%), alors que le temps de tapis de course a diminué (de 42 à 33%) ainsi que le temps d’ergocycle de 26 à 20% (l’ergocycle est destiné à apprécier la puissance aérobie maximale de l'organisme, c'est-à-dire celle qui est fondée sur la capacité maximale de l'organisme à prélever, au niveau des poumons, l'oxygène qui est ensuite transporté par la circulation jusqu'aux muscles actifs).
Les 8 membres ESA participant à l’expérience ont augmenté leur temps total d’entraînement pendant le vol au profit des exercices de résistance musculaire et au détriment du tapis de course, alors que le temps d’ergocycle n’a pas changé.
Après analyse des résultats, l’ESA a pu constater que lors d’un vol spatial, augmenter le temps d'entraînement ne permet pas de diminuer l’atrophie musculaire. En effet, en commençant avec des exercices qui vont de 50 à 60% de la capacité physique totale de l’individu (le temps qu’il s’habitue à la microgravité) puis en les augmentant peu à peu, ils ont observé que les capacités physiques pendant le vol augmentaient au cours des 6 mois, jusqu'à 80% de la capacité totale du spationaute. À partir de ce seuil de 80%, aucune amélioration n’est possible : augmenter le temps total d'entraînement (en gardant le même t=0 pour débuter les exercices, c’est-à-dire tôt après être arrivé dans l’ISS pour permettre une adaptation aux exercices en microgravité plus rapide) ne permettra pas de diminuer l’atrophie musculaire subie par les spationautes, car leur entraînement actuel leur permet déjà d’atteindre ce maximum de 80% de leurs capacités physiques.
De plus, l’irrégularité du matériel et surtout les effets dans le temps qui sont différents selon les individus, limitent la comparaison des résultats entre différents spationautes. Des recherches pour optimiser leur entraînement physique pendant un vol sont toujours en cours. Affaire à suivre...
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