La stimulation hormonale peut également être évoquée afin de palier à la lenteur de développement des thérapies géniques et l'insuffisance de la pratique sportive : de nombreuses hormones sont connues pour être capables de développer le muscle.
Des recherches assez prometteuses ont été menées grâce à une étude d’alitement par des scientifiques de la NASA, à sa direction Dr Ronita Cromwell que nous avons contactée et qui nous a généreusement partagé des documents décrivant précisément toute l'expérience.
Les conditions optimales pour mimer le mieux possible les effets de la micropesanteur sont de rester dans un lit (ici pendant 70 jours) avec une légère inclinaison de la tête vers le bas, environ 6°, pour reproduire la migration des fluides vers le haut du corps. Sur les 27 sujets, la moitié faisait de l’exercice physique, et l'autre partie recevait des injections régulières de testostérone. Cette étude a été réalisée en double aveugle mais un groupe se débrouillait vraiment mieux que les autres, il s’est avéré que les effets de la testostérone expliquaient cette différence. Même avec une optimisation des séances de sport, il faut aider les cellules musculaires dans l’espace car elles sont incapables de se développer sans l’action de la pesanteur. La stimulation à la testostérone serait une bonne façon d'atténuer la perte, car cette hormone est responsable de la protection des os et des muscles. Néanmoins, il faut être très vigilant avec cette hormone car elle peut induire sur les femmes des caractéristiques masculines si la dose administrée est trop importante.
De dos, Dr Cromwell rendant visite à deux sujets alités
Images tirées du documentaire L'homme sur Mars (RMC)
Ces illustrations montrent les conditions de l'étude, à savoir les candidats alités en permanence, même pour manger, travailler sur l'ordinateur, ... Les individus faisant du sport le faisaient à l'horizontale, comme on le voit ci-dessus, pour ne pas fausser les résultats de l'expérience.
Outre la testostérone, d’autres stéroïdes anabolisants (dianabol, anadrol,...) pourraient également être testés. Ils augmentent la synthèse des protéines dans les cellules et les fait ainsi grandir, entraînant une augmentation de tissus cellulaires (anabolisme), en particulier dans les muscles. Le mode d'action de ces stéroïdes anabolisants passe essentiellement par des effets génomiques au niveau de la modulation de l'expression des gènes cibles, c'est-à-dire que certains gènes auront leur expression diminuée et d'autres augmentée.
De ce fait, la proportion de protéines produites lors de l'expression de ces gènes sera différente et le métabolisme (= la façon dont elles fonctionnent) des cellules va changer. Ces substances ont également une incidence sur le nombre de cellules qui se développent en cellules graisseuses de stockage, en favorisant la différenciation cellulaire vers les cellules musculaires. Cependant, aucune étude n’a encore été menée sur l’utilisation de ces protéines pour limiter l’atrophie ou aider à reconstruire les muscles, peut-être car leurs effets secondaires sont trop importants, comme l'accoutumance, ou que ce sujet reste tabou (elles sont largement utilisées pour le dopage).
En conclusion : généralement les hormones sont des bons facteurs de modification du métabolisme, et peuvent aider à combattre les effets secondaires de la micro-pesanteur dans notre cas. Additionnées à la pratique de sport ou à des phases de gravité artificielle dans un engin spatial, elles pourraient éventuellement avoir des effets bénéfiques. Il faut malgré tout être très vigilant dans le dosage car ces substances peuvent s’avérer dangereuses à trop forte quantité (problèmes cardiovasculaires, lésions hépatiques, effets masculinisants de la testostérone sur les femmes...).
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